Misteri Di Trapani
Réalisés entre le XVIIe et le XVIIIe siècle dans les ateliers florissants de Trapani, en bois de cyprès (cadre, membres et parties anatomiques non couvertes par la draperie), en liège (superposé au cadre pour recréer les lignes du corps), en tissu et en colle (pour les vêtements des personnages), selon une technique particulière appelée carchét, ils représentent des épisodes de la Passion et de la Mort de Jésus-Christ.
Commandées par la Societas Pretiosissimi Sanguinis Christi et Misterium dans la première décennie du XVIIe siècle, elles ont été confiées, dès 1612, en concession aux corporations des arts et métiers de Trapani, afin qu'elles en assurent l'entretien, l'embellissement et les dépenses nécessaires au transport processionnel, faisant en sorte que le lien ainsi établi entre les groupes statuaires et le tissu économique de la ville finisse par garantir la survie du rite au fil des siècles.
Le passage de la procession est annoncé par le roulement des tambours, suivi par les 18 groupes de statues, l'un après l'autre, portés sur les épaules des porteurs (les massari ). Chaque groupe s'aligne sur son propre cortège et est précédé par sa propre Maestranza en costume sombre et suivi par sa propre fanfare qui entonne les notes poignantes des marches funèbres, puis par les deux simulacres de Jésus dans l'urne et de Notre-Dame des Douleurs enveloppée d'un long manteau noir.
L'imposante procession traverse les principales rues de la ville pendant 24 heures au milieu des ailes de la foule, et la nuit, après une brève pause, prend des aspects presque surréalistes dans une atmosphère de beauté mystique et surhumaine. Puis, à l'aube, dans les environs du port de pêche, la procession se rassemble et reprend son chemin pour retourner à l'église de l'Anime Sante del Purgatorio (l'église de départ).
Outre la procession centrale des Mystères, la période de mars à avril est jalonnée d'événements de préparation solennelle à Pâques, en mémoire de la Passion du Christ.
Au début du premier vendredi de Carême, dans l'église du XVIIIe siècle de l'Anime Sante del Purgatorio (Saintes Âmes du Purgatoire), se déroulent les rites du Scinnute, au cours desquels deux groupes sacrés sont déplacés au centre de la nef pour l'office religieux. Avant et après l'office, la Musique entonne quelques marches funèbres traditionnelles dans le cimetière, offrant ainsi une anticipation évocatrice des rites de la Semaine Sainte à Trapani.
En outre, le mardi et le mercredi saints à Trapani, deux processions sont organisées en l'honneur des Mères de la Miséricorde par les classes Massari et Fruttivendoli, respectivement.
Enfin, le jeudi saint, la veille de la procession des Mystères, a lieu la « Vestizione » des groupes sacrés, qui consiste à recouvrir la « vara », la structure en bois sur laquelle repose le groupe, d'un velours noir, la « manta », qui porte le nom de la classe. Ce velours est ensuite complété par des compositions florales et des objets en argent d'une grande finesse d'exécution, fabriqués à partir du XVIIe siècle par les Maestranze.
